Le continent africain est souvent qualifié de réservoir de développement. En effet, le chemin à parcourir par les différentes nations, par le biais des multiples parties prenantes (Gouvernements, entreprises, sociétés civiles…) n’est pas des moindres. Les défis sont multiples et les challenges à relever nécessitent l’implication de tous.
Dans cette perspective, les décideurs, intellectuels, entrepreneurs et chercheurs africains explorent les différents outils à mobiliser pour l’avenir de leur continent. L’intelligence économique, considérée comme une approche à différentes facettes, mais dont les contours restent unifiés à l’ensemble des disciplines de la collecte de l’information et sa bonne exploitation pour des fins stratégiques, peut constituer un cadre d’analyse opportun aux différents défis du continent africain.
De plus en plus de chercheurs appellent à la nécessité de s’intéresser aux spécificités des pratiques d’intelligence économique dans le contexte africain. En témoignent, par exemple, le succès pérenne depuis 2016 des Assises Africaines et Francophones de l’Intelligence Économique, ainsi que les ouvrages écrits ou coordonnés au cours de la décennie écoulée par S.W. Azeumo (L’intelligence économique camerounaise, 2013), D. Guerraoui (L’intelligence économique en Afrique. Expériences nationales et partenariats africains, 2019), F. Jeanne-Beylot (Atlas de l’intelligence économique en Afrique, 2021), L. Konate, S. Mortier et E. Darankou (Manuel de l’intelligence économique en Afrique, 2022) par exemple. A cette liste d’ouvrages, il convient d’ajouter notamment le numéro Vol. 12-1/2020 que la Revue Internationale d’Intelligence Économique a consacré à l’intelligence économique marocaine, et le Dossier de Recherches en Économie et Gestion n°9 publié par l’Université d’Oujda, consacré à la pratique de l’intelligence économique en Afrique, particulièrement au Maroc - l’un et l’autre numéro rendant hommage à la recherche et à l’engagement de ce pays dans l’intelligence économique.
A défaut d’identifier un modèle africain unique de l’intelligence économique, au regard de la diversité de la mosaïque africaine qui conduit de nombreux auteurs à préférer parler « des Afriques », peut-être peut-on déceler des soubassements partagés dans les pratiques ? Ou doit-on considérer que, à l’image d’une Europe dont les approches nationales de l’intelligence économique sont substantiellement différentes, chaque pays doit développer son propre dispositif d’intelligence économique, suivant ainsi une logique de la théorie ancrée (B. Glaser & A. Strauss, 1967) ? Selon le prisme retenu (outils, méthodes, culture, management, stratégie), le regard porté sur l’intelligence économique en Afrique(s) peut-être sensiblement différent.
Si les ouvrages évoqués ci-dessus ont beaucoup apporté à la compréhension des pratiques, il reste encore à questionner l’intelligence économique dans sa substance africaine, notamment en Afrique subsaharienne :
- Qu’y a-t-il d’africain dans les pratiques et les dispositifs d’intelligence économique en Afrique ?
- L’Afrique a-t ’elle besoin de développer son/ses modèle(s) propre(s) d’intelligence économique ? Doit-elle (et dans quelle mesure) prendre ses distances avec l’approche occidentale ?
- Quel est/devrait-être le rôle des gouvernements africains et des administrations dans la mise en œuvre de l’intelligence économique et d’une intelligence territoriale ? Quelle diplomatie économique ou intelligence stratégique ?
- Quelles formations académique, professionnelle, continue, événementielle, informelle… en intelligence économique faut-il en Afrique ?
- Comment les territoires mettent-ils en œuvre l’intelligence économique pour se développer ?
- Quel rôle peut jouer l’intelligence économique pour un développement intra-africain ?
- Quelles pratiques d’intelligence économique ancrées dans les PME et les grandes entreprises africaines ? Quel rôle des think-tanks ?
- Quel rôle des sociétés civiles en Afrique dans l’intelligence économique ?